Nos émotions ont un fort impact sur nos capacités cognitives. Elles sont naturelles et jouent un rôle important dans notre adaptation au monde qui nous entoure, en nous poussant à rechercher des situations nous apportant joie et bien être, et à fuir les situations de danger créant angoisse et peur.  

Prenons l’exemple du stress : une réaction naturelle de l’individu face à une situation où il perçoit un danger pour lui-même. Il nous pousse à rechercher une solution et mène en général à la fuite, au combat ou à la prostration. Ainsi, le stress va stimuler le fonctionnement cognitif en ayant une action sur des zones cérébrales liées à la coordination de la cognition et des émotions. Plus précisément, les zones cérébrales touchées contribuent à la régulation de l’humeur, des émotions, à la bonne gestion de nos capacités d’adaptation, de mémorisation, de prise de décision et d’initiative (pour adopter le bon comportement face à la situation), ainsi que nos capacités attentionnelles (nous sommes à l’affut de tout mouvement, tout changement).

Les émotions peuvent stimuler notre fonctionnement cognitif, ou à l’inverse, le paralyser lorsqu’elles sont trop intenses. En effet, sous le coup d’une forte émotion, nous nous sentons parfois moins aptes à réfléchir et produire des comportements élaborés.

Par exemple : il peut être très difficile de se concentrer et d’apprendre une leçon lorsque l’on est en colère, triste, ou bien à l’inverse très excité par un évènement à venir. Nos pensées liées à nos émotions se bousculent et prennent toute la place dans notre esprit. Il faut alors réussir à se canaliser pour se recentrer, et mobiliser pleinement nos capacités cognitives dans une activité. 

Il est nécessaire d’apprendre à bien gérer notre vie psychique, c’est à dire nos pensées et nos émotions, pour mobiliser notre potentiel cognitif de la meilleure façon possible face aux évènements et activités de notre quotidien.

  • DISTINGUER EVENEMENT, EMOTION, PENSEE ET COMPORTEMENT   

Un évènement est une chose qui se produit ou qui arrive comme un fait ou une circonstance, et dont nous prenons conscience grâce à nos sens. Si plusieurs personnes sont témoins d’un même évènement, elles s’entendent pour dire que cet évènement est survenu, mais peuvent cependant lui attribuer des significations bien différentes selon les pensées ou les émotions qui en découlent. 

Une émotion est un état affectif qu’une personne ressent intérieurement et dont la durée et l’intensité sont variables. Les émotions s’accompagnent généralement de réactions physiologiques plus ou moins intenses (rougeur, transpiration, modification du rythme cardiaque…). Elles sont agréables ou désagréables, mais peuvent aussi être désagréables et dysfonctionnelles en étant disproportionnées. Dans ce dernier cas, elles nuisent au bon fonctionnement de l’individu qui les éprouve en entrainant une paralysie du fonctionnement cognitif, ce qui nous pousse à adopter des comportements peu réfléchis et ainsi inadaptés.

Le mot « pensée » est utilisé pour nommer un phénomène cognitif, soit la façon dont un individu se parle à lui-même. L’ensemble des pensées forme le discours intérieur de la personne, qui se poursuit presque constamment lorsque celle-ci est éveillée. Le discours intérieur peut servir à exprimer une constatation, une réflexion, un projet ou autre. 

Les émotions et pensées des individus proviennent avant tout de l’interprétation qu’ils font d’un évènement. On ne peut pas toujours changer le cours d’un évènement, mais on peut apprendre à gérer nos émotions et comprendre nos pensées, notre mode de raisonnement, pour nous permettre ensuite d’ajuster notre comportement. On parle alors de « restructuration cognitive ». 

  • Deux exemples :

La mort est attristante. Vrai ou faux?
Faux. En soi, la mort n’est ni gaie ni triste. Elle est la conclusion obligée et normale de toute vie humaine. C’est l’idée que l’on se fait de la mort en général, ou de celle d’un individu en particulier, qui la rend attristante. Cette idée, qui est une « représentation de la mort », résulte à la fois des valeurs, des pensées ou des croyances propres à un individu, et des valeurs, des pensées ou des croyances relevant de son appartenance à une culture, à une religion ou à une société donnée. Un terroriste, par exemple, qu’on a convaincu d’une extraordinaire récompense dans un autre monde peut être heureux de se sacrifier pour servir sa cause. 

Monsieur Durant est déprimé parce qu’il a perdu son emploi. À quoi peut-on attribuer sa dépression?
On peut attribuer sa dépression à la perception qu’il a de la perte de son emploi, ou son attitude à l’égard de cet évènement. Cette perte n’est que l’occasion de sa dépression. Une autre personne pourrait être bien heureuse de perdre un emploi qu’elle exècre surtout si on lui en offre un autre plus rémunérateur. 


UN TRAVAIL D’AUTO-OBSERVATION

Pour mieux se comprendre soi-même, pour réussir à se recentrer .

Deux types d’exercices sont proposés afin de mieux comprendre notre propre fonctionnement et ainsi faire le tri dans nos pensées.

  1. Analyser et réfléchir sur les pensées et émotions qui te sont désagréables.

Je te propose un support simple afin de trier les différentes questions, réflexions, pensées, qui peuvent te perturber, te déconcentrer. Par exemple : un évènement passé, une émotion forte, un comportement que tu as eu… Le but est d’essayer, pour chaque chose, de remplir les 4 premières colonnes. Puis, si tu le peux, demande toi comment tu pourrais voir les choses autrement (« Penser autrement »).

Si tu le peux, prévois un temps, idéalement en fin de journée, pour te consacrer à cette réflexion. Ainsi, tu pourras après coup réfléchir aux situations et évènements de ta journée avec un peu plus de recul. Cet exercice te permettra d’analyser tes émotions et te demander pour quelles raisons tu as ressentis çà. Ne te juge pas ! Le but n’est pas d’enfouir et nier tes émotions, mais de travailler l’interprétation et le vécu que tu as de ces différentes situations.

Exemple :

Évènement.: Je me suis disputée avec mon meilleur ami car il a annulé notre sortie au dernier moment. Il ne m’a même pas donné d’explication !

Emotion : Je suis en colère et triste.

Pensée : Il ne m’aime pas, je ne l’intéresse pas. 

Comment pourrais-je vivre les choses autrement ? Il a peut être un problème dont il ne me parle pas, il est peut être fatigué. Parfois on n’a juste pas envie de sortir. La prochaine fois, je lui demanderai pourquoi il a annulé, on verra si l’on reporte cette sortie à plus tard. 

  1. Décomposer ce qu’il se passe dans ton esprit lorsque tu es distrait durant une tâche.

Pour cet exercice, je te propose des petites fiches avec plusieurs questions. Remplis ces fiches au moment où tu te déconcentres si tu ne parviens pas à mettre de coté tes pensées. Tu pourras ensuite y revenir plus tard, car tu auras matière à réfléchir de façon stable et calme. 

Si tu réussis à te re-concentrer sur ta tâche, et que tu poursuis ce que tu étais en train de faire, notes ça dans un coin de ta tête, ou sur un petit papier, et remplis cette fiche plus tard. Tu peux bien sûr, si besoin, remplir aussi le tableau sur les pensées.

Les questions à te poser :

  • Ce que j’étais en train de faire.
  • Etais-je sous le coup d’une émotion avant de commencer, laquelle ?
  • Ce qui m’a distrait(e).
  • Cette pensée aurait-elle pu attendre ?  
  • Pourquoi est-ce que je n’ai pas réussi à la mettre de coter ?
  • Quelle conséquence cela a eu sur l’activité en cours ?
  • Comment aurais-je pu faire autrement ?  

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